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Le coq gaulois et sa machine écrasent l'aigle allemand! |
L'histoire de la manufacture de machines à coudre Henri Vibert-Truchon à Vienne (Isère), entre 1919 et 1924 est assez exceptionnelle mais il y a fort peu de renseignements disponibles.
Sur le site Needlebar, nous essayons de finaliser une page qui lui est consacrée.
Voici un premier texte extrait du journal "La Croix" en 1919.
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Extrait
du journal «La Croix» du 21 octobre 1919
LA
MACHINE A COUDRE «HACHEVETECO»
Parmi
les exposants de la Foire d'Automne, nous y retrouvons aux stands
101-102-103-104 du groupe 3. les Établissements Henri
Vibert-Truchon et Cie, dont nous avions en mars dernier souligné
l'effort de production.
Ils
y exposent à nouveau et en quantité leurs fameuses machines à
coudre HACHEVETECO, ainsi nommées pour rappeler les initiales de
leur firme.
Nous
rappelons que, jusqu'à ce jour, aucune machine à coudre n'était
faite entièrement en France et que toutes, presque, venaient
d'Allemagne par des voies plus ou moins détournées.
Aussi ne
saurions-nous trop insister sur tout l'intérêt qui s'attache à la
marque HVTCo qui, dès maintenant, livre une machine à coudre
bien française, dont les lignes et l'ensemble de bon goût révèlent
facilement l'origine.
Les Établissements Henri VIBERT-TRUCHON et Cie ne fabriquent qu'un seul
modèle, le plus perfectionné, celui qui remplace tous les
autres, qui pique aussi bien les tissus légers que les tissus
épais, en un mot celui qui convient à tout et à tous.
Ce
modèle est à crochet rotatif, avec éjection automatique de la
canette, il est muni de la marche avant et arrière permettant
d'arrêter les fils sans retourner l'étoffe; la table, entièrement
en acajou massif et non contre-plaqué comme dans toutes les autres
machines, est disposée pour rentrer la tête de la machine à
l'intérieur, donnant ainsi l'aspect d'une table unie formant meuble.
La
fabrication faite en grande série atteindra une production de 1 000
par jour au plein développement de l'usine, que nous savons être
très prochain.
Le
succès que la Machine HACHEVETECO a obtenu a cette foire de Lyon
nous fait comprendre la nécessité de cet effort, qui devient même
indispensable pour pouvoir satisfaire les nombreuses demandes
adressées chaque jour par le monde entier.
Signalons aussi
que la Société des Cinémas Gaumont a bien voulu s’intéresser à
cette exhibition en la filmant pour la reproduire dans tous ses
établissements de France et de l'étranger.
Finissons
enfin en rappelant à tous que, pour la première fois en machine à
coudre, le prix fixe de 375 francs franco domicile est imposé à
tous les agents. Ceci afin de protéger le public contre les
spéculations possibles, en raison de la grande vogue, bien méritée,
d'ailleurs, de la marque HACHEVETECO.
Des
réflexions entendues parmi les milliers de visiteurs qui se
pressaient dans ses stands, nous avons pu conclure que cette
machine n'est en rien comparable a celles connues jusqu'à ce
jour, et, comme le dit si bien une affiche placée à l'intérieur
des stands, la marque HACHEVETCO N'A PAS VOULU SINGER, LA MACHINE
BOCHE.
Les Établissements Henri Vibert-Truchon n'ayant pu faire figurer leurs
machines au 15ème Salon de l'Automobile (Grand Palais) pour des
« raisons que la raison ne connaît pas », ils ont installé de
toutes pièces un salon d'exposition au Palais d'Orsay (salon 254,
2ème étage), où de nombreux acheteurs peuvent chaque jour se
rendre compte du fini de ces machines. Cette exposition durera
jusqu'à fin octobre, et le succès des premiers jours - venant
confirmer celui du million de visiteurs de la foire de Lyon - permet
d'affirmer que la prolongation de cette exposition s'imposera pour
permettre aux acheteurs étrangers de s'y rendre.
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J'ai en préparation un second texte beaucoup plus complet sur cette marque et qui explique comment M.Vibert-Truchon a fait ce que nous appellerions aujourd'hui de l'espionnage industriel pour s'approprier la technique des mécaniques.
Il est étonnant qu'à cette époque la marque Singer soit vue comme allemande alors qu'elle fut crée en 1852 aux USA
Je crois que jusqu'à la seconde guerre mondiale, il y a eu très peu, en France, d’importation de machines Singer britanniques et encore moins américaines; Il est vrai que toutes les bonnes machines utilisées alors venaient d'Allemagne en étant la plupart du temps francisées (voir ici).
L'article, comme le texte sur lequel je suis en train de travailler, promet un avenir radieux à la manufacture.
Ce ne sera malheureusement pas le cas et la manufacture semble avoir fait faillite en 1924.
Si vous êtes l'heureux possesseur d'une telle machine en bon état, une médiathèque en recherche une, en prêt, pour une future expo. Me contacter par courriel pour les détails.