Quand on fréquente les forums et les sites anglophones c'est une chose entendue depuis longtemps mais en France, la lourdeur de l'administration qui empêche encore par exemple une personne âgée d'entrer dans une maison de retraite avec l'animal qui partage sa vie depuis des années, le soi-disant risque des microbes, la crainte d'essayer ...tout concourt à ralentir ces actions. Je recopie ici l'article du Monde paru dans l'édition du 2 décembre.
On peut également le trouver sur cette adresse.
Donuts, un chien en CDI à l'hôpital
C'est une histoire dans l'air du temps, où la dépendance des personnes âgées devient une cause nationale. Souffrant d'une démence avancée, Mme P., 83 ans, est, selon la terminologie médicale, une "grande déambulante". Elle marche durant des heures et des heures, sans but. Cette errance perpétuelle est le seul moyen dont elle dispose pour évacuer l'angoisse générée par la maladie. Au point qu'il faille marcher à ses côtés pour l'alimenter.
Voici quelques jours, Donuts, un golden retriever âgé de 2 ans et demi a réussi à la faire asseoir durant une dizaine de minutes. Un laps de temps suffisant pour lui donner son déjeuner, le seul repas qu'elle accepte d'avaler.
Pendant que Mme P., brièvement rassérénée, caressait la tête et le poitrail de l'animal, un membre du personnel de l'accueil de jour pour personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer de la résidence Pierre-Bonnef, à Belfort, portait la fourchette à sa bouche. Dirigé par Geneviève Breton, infirmière, cet accueil de jour s'emploie à resocialiser les résidents, à stimuler leur mémoire restante et à permettre aux aidants de souffler un peu.
Chien d'accompagnement social éduqué pour ramasser ou apporter toutes sortes d'objets (stylos, chaussures, cannes, cuillères, etc.) et pour donner beaucoup d'amour, Donuts est, depuis le mois d'août, un membre à part entière du personnel de Pierre-Bonnef.
"Un chien ne porte pas de jugement"
Mais ce golden retriever, donné par l'association Handi'Chiens, n'est ni un jouet ni une peluche. "C'est un médiateur, un trait d'union", précise Mme Breton, sa tutrice, qui porte une attention particulière à son hygiène. "Grâce à lui, on parvient à tisser des liens avec les personnes âgées que la maladie mure parfois dans un profond silence." En le caressant, en l'embrassant, elles font également, et inconsciemment, (re) fonctionner leurs articulations endolories. "Un chien ne porte pas de jugement. Il regarde droit dans les yeux. Il aime, c'est tout", poursuit-elle.
Actuellement, des expériences similaires se multiplient partout en France, comme au sein des établissements hospitaliers pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) de Tinténiac (Ille-et-Vilaine) et de L'Isle-Jourdain (Gironde). A Belfort, Donuts a des horaires de bureau. Chaque matin, il accueille les résidents à leur descente du minibus et fait fête à tous, sans exception, puis s'en retourne chez sa tutrice, éreinté, en fin d'après-midi.
Pendant ses journées de travail, il s'aventure aussi dans les locaux de l'Ehpad attenant à l'accueil de jour. Récemment, un octogénaire souffrant d'un cancer a retrouvé, en sa présence, une forme de sérénité durant les jours qui ont précédé son décès. Donuts s'était hissé à plusieurs reprises sur son lit pour se lover dans le creux de ses genoux, la tête affectueusement posée sur une cuisse.
Alexandre Bollengier
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