27 juin 2012

Des bleus pour du blanc

Ne craignez pas que je vienne de me transformer en supporter d'une équipe de football!! Non les bleus en question sont bien proches de notre passion, le textile puisqu'il s'agit des bleus pour l'azurage du linge.

Comme souvent, à l’origine de cette petite recherche que je souhaite partager avec vous, il y a une toute petite trouvaille de brocante.
Là, c'est ce petit chromo avec deux enfants et si je l'ai acheté c'est à cause de son verso qui était consacré à une industrie de la ville jurassienne de Dole (dans laquelle nous avons des attaches familiales).


La société Balois commercialisait donc des "boules" de bleu. A l'époque où l'on faisait la lessive à la main, c'était un produit à dissoudre dans l'eau de rinçage. Une très légère "teinture" du coton avec ce produit permettait une meilleure réflexion de la lumière et donc de paraître plus blanc.
D'ailleurs , encore aujourd'hui les lessives contiennent des azurants.

Sur la reproduction du verso, on peut voir un tampon indiquant que la société Balois  a été reprise par E.Guimet.
Emile Guimet a succédé à son père à partir de 1860 et jusqu'en 1900. Vous pourrez lire toute l'histoire de sa famille en cliquant sur cette page.
 Voici une autre image , cette fois une étiquette de boite avec les noms Balois/Guimet. Elle est particulièrement belle et de grande taille (10 x 16cm);

 Ne manquez pas, si vous avez l'occasion d'une visite parisienne d'aller au musée Guimet, car l'industriel a fait profiter le public de ses voyages (principalement en Orient) . Toutes les infos ici.

Ce que j'aime par-dessus tout, c'est, à partir d'une toute petite chose, d'essayer d'en savoir un peu plus.
Voila que mes recherches sur l'industrie à Dole, me donne cette adresse : Inventaire du patrimoine culturel.
Donc, en plus de Balois/Guimet, on trouve une autre entreprise : Chevalier. Et, par chance, de vieux papiers sont en ligne:
 1918 est la date de cette facture et le nom complet de l'entreprise : Tassinot et Chevalier.
J'ai trouvé et acheté une ancienne boite car ces fameuses "boules" m’intriguaient. A quoi ressemblaient-elles?
Surprise et émerveillement, la boite de "Bleu Helvetia" contenait non seulement de petites boules (approx 1,3cm) d'un bleu intense comme j'en avais rarement vu et aussi des"pastilles" de 3,5cm de diamètre, d'un bleu plus sombre.
 




 Pourquoi ces deux présentations? De quelle matière première sont tirés ces bleus? Bleu d'indigo, bleu d'outremer... ces questions restent pour moi sans réponses. Pas plus M.Google que les vieux livres de chimie ou les vieux livres d'enseignement du ménage que je possède n'avaient de réponse précise. Quelques infos sur cette page.
J'ai même demandé à des personnes  nées entre les deux guerres, mais si elles se souviennent bien de l'emploi de la lessiveuse et des blocs de bleu, je n'ai pas trouvé de détails plus conséquents.
Si vous en savez plus que moi, si vous avez des liens, n'hésitez pas à les mettre dans un commentaire.

Voici d'ailleurs le bleu en usage au milieu du XXème siècle.Ma brocante locale en avait encore un sachet caché entre deux vieux machins...

C'est cette société américaine qui a repris les activités du groupe Guimet.

Encore un vieux papier: une facture de 1918 aussi, pour la société C.A.Henry à Tournus. Cette fois, rien, aucune information ne semble disponible sur les archives industrielles de cette ville.Et pourtant, l'usine, au bord de la Saône semble importante.
 Pour terminer cet article, des images de la boite de bleu "Au Neptune". Encore deux présentations dans la même boite: de jolies boules bleu outremer et des pastilles, cette fois en forme de fer à repasser.



 Leur prix indiqué, de 5 centimes, semble montrer qu'elles devaient se vendre à l'unité.
Je ne peux pas résister, en conclusion, de vous reproduire la publicité de la maison Henry. De la "réclame" comme on n'en fait plus....










17 juin 2012

Journée européenne du patchwork

Version de la Loire-Atlantique!


Cette année Josiane nous avait invité à Saint-Nazaire, dans un endroit bien joli avec une vue extraordinaire sur la sortie de l'estuaire de la Loire.


Les participantes arrivent, chargées de sacs, chaises et tables. Et, comme nous avons eu beaucoup, beaucoup de chance, les nuages gris se sont envolés pour nous assurer une journée aussi ensoleillée qu'amicale.
 L'installation sur la promenade s'est faite dans la bonne humeur, tout en profitant de la vue sur la mer et du bon air marin!
 La délégation de la Loire-Atlantique avait prévu de travailler sur le bloc "Nicolas" publié dans les Nouvelles du Patchwork de printemps. Dès les premières arrivées, on étale les blocs déjà montés pour apparier les couleurs.


 Un épinglage "sérieux" fut nécessaire pour éviter de voir s’envoler nos petits morceaux précieux!
 En plein travail de montage, les "marinières bretonnes" sont très actives.
 Nous étions très bien placées, et de nombreux promeneurs à pied et à vélo se sont arrêtés pour nous questionner sur le patchwork, notre travail et notre organisation en association.
 A l'heure du déjeuner, Josiane avait concocté un super cocktail aux couleurs d'une "mer bretonne" qui a été fort apprécié. Sans alcool, mais avec un arôme fruité bien engageant....

 L'exposition "en plein vent" des ouvrages de la délégation était un plus pour nos visiteurs.

 Et puis, tout en cousant, c'était l'endroit idéal pour....voir passer les bateaux, les TRÈS gros bateaux puisque ce roulier d'Airbus Industrie mesure 150m de long et qu'il transporte de Saint Nazaire à Bordeaux les tronçons de l'A 380.
La journée s'avançant, les tops sont terminés petit à petit.
Une photo juste avant la finition des derniers blocs. Nous sommes arrivés à 144 blocs et les neuf tops ont été tirés au sort parmi les participantes.
Une dernière photo avant le départ;;;
Merci Josiane, la journée a été splendide, à l'année prochaine!

13 juin 2012

Patchwork machine "à la chaine"

Lors du WE dernier, j'ai discuté "vocabulaire" avec une amie.
Nous avons convenu que le terme "patchwork" qu'on emploie en France pour désigner le plus souvent un ouvrage en trois épaisseurs posé sur un lit ou accroché au mur est un mot qui ne correspond pas exactement à sa traduction.

Le "patchwork" , littéralement "travail par morceaux", ne concerne bien que la partie supérieure. Dans la tradition européenne aussi bien qu'américaine, ce dessus (top) est ensuite cousu  avec un molleton et une doublure, les trois épaisseurs étant tenus ensemble par des points de matelassage (quilting).

Donc aux USA, ce que nous appelons couramment un "patchwork" sera nommé un "quilt".

La discussion a ensuite dérivé sur les méthodes  de couture. Comme justement nous avons abordé la couture "à la chaine" et que j'en ai une en cours, je profite pour vous en montrer quelques détails.

Cette méthode se fait en utilisant des morceaux directement coupés avec les coutures comprises, on ne fait pas de gabarits en carton, on ne dessine rien sur le tissu.
A vrai dire, c'est difficile de coudre de cette façon avec des dimensions en centimètres. En revanche, si l'on passe avec des mesures en inches (et des subdivisions par 2/4/8 ou 16) de l'unité principale, l'adéquation des triangles et carrés se fait plus aisément et la couture à 1/4 " donne immédiatement les bonnes dimensions.

Quelques règles :
  • les tissus doivent être parfaitement repassés et pliés d'équerre;
  • employer un cutter rotatif bien aiguisé et des longues règles fiables;
  • procéder par ordre en suivant les indications de votre schéma complet du patch;
 
 
Sur l'image ci-dessus les nine-patchs (9 morceaux) et four patchs (4 morceaux) ont déjà été cousus à partir de bandes taillées dans toute la largeur de la laize.
 Comme d'habitude j'emploie ma 222K Singer . Elle a beau être vieille, elle accepte, comme les machines les plus modernes un pied spécial 1/4".


  • Il faut préparer les morceaux à coudre avec une ou plusieurs épingles (j'utilise des épingles Clover particulièrement souples et fines);
  • les empiler dans l'ordre de la couture;
  • Commencer à coudre sur un petit morceau de tissu plié en deux, arrivé à son bord, mettre votre premier assemblage sous le pied, ne pas couper le fil et continuer à coudre les morceaux les uns derrière les autres à la chaine. En fin de série, reprendre le petit morceau du début (ou en avoir un second - très pretique!) et le passer sous l'aiguille.
    Avec cette méthode, on n’arrête jamais le fil. Les coutures seront tenues puisqu'elles seront reprises par une seconde, voir une troisième avant la fin de l'assemblage.
Précision : en fonction de votre machine, vous pouvez choir de coudre par-dessus l'aiguille ou de l'enlever juste avant la couture en faisant bien attention de ne pas modifier le parallélisme de vos deux pièces à coudre.






07 juin 2012

Social : un retour en arrière...

 
Comme toutes celles qui sont intéressées par le textile, nous avons lu des biographies, des documentaires, des romans même sur l'exploitation des travailleuses à domicile par l'industrie textile dans les siècles passés.

Au XXIème siècle, on aurait pu penser que cela avait disparu ou que c'était en usage uniquement pour les pays en voie de développement . Les organismes de défense des droits de l'homme nous mettent en garde régulièrement sur ces produits vendus peu chers car mal payés à la fabrication.
 

Voila que je viens de lire cette annonce :

xxxx , société Alsacienne, fabricant de couches lavables et autres articles textiles d’hygiène, recrute des couturières à domicile, indépendantes , résidant dans le Haut-Rhin (région Colmar ou axe Colmar/Mulhouse).
Votre profil:
*Vous êtes à votre compte ou souhaitez entreprendre rapidement (statut d’autoentrepreneur par exemple)
*Forte motivation
*Disponibilité
*Diplôme non exigé mais expérience dans le domaine de la couture souhaitée.
*Vous possédez une machine à coudre + une surjeteuse.
Rémunération à la pièce à définir suivant les modèles (toutes les matières premières sont fournies).
Recherche urgente, travail régulier.
Merci de nous contacter par mail à xxxx@orange.fr en envoyant un CV + lettre de motivation.
Merci 

Donc , un vendeur français au lieu de créer une société, d'embaucher des salariés, se fait de l'argent en faisant travailler des personnes indépendantes qui doivent prendre en charge leur locaux , leurs outils de travail, leur maintenance, sans doute la livraison ...

Avec ce système, le "patron" n'a à débourser aucune protection sociale, n'a pas de syndicat gênant, bref, tout confort, c'est la couturière qui assume tout!
Tout cela sans un centime d'investissement de celui qui se dit "fabricant français" et récolte les sous parce qu'il a su gérer un site internet. Je précise que ces produits sont vendus plutôt chers!