Sur le forum du site France Patchwork, Jacqueline, une lectrice de longue date a posté un lien vers un article qu'elle vient d'écrire sur le sujet du vocabulaire "Quilt ou patchwork".
Vous le trouverez en cliquant ici.
Vous le trouverez en cliquant ici.
Pourquoi ne pas en profiter pour remonter dans le temps, un temps où les mots anglais n'étaient pas forcément l'unique solution?
Il y a bien sûr le "centu pezzi" de nos amies corses à voir sur le blog d'Anne-Marie.
Dans plusieurs articles publiés dans les Nouvelles du Patchwork, j'avais fait allusion à des articles trouvés dans des journaux parfois anciens, en tous cas plus anciens que la fameuse expositions des Arts déco en 1972.
Pendant des années comme le notait Janine Jannière, le vocabulaire était "mosaïque d'étoffes".
Quelques archives :
1917
Dans "Le petit écho de la mode " de 1917, on parle de coudre un "tapis de table économique" mais sans donner un nom particulier à la technique ni donner l'illustration.
1923
Comment utiliser les petits morceaux d'étoffes pour faire de jolis ouvrages... | - La Mode du Jour - 1923 |
1931
En 1931, on parlait de travail de « Patches » à lire dans mon "Trésors de vieux papiers n°9".
1933
Encore le Petit Echo de la mode (Almanach 1933) qui parle simplement "d'assemblage" mais explique précisément et le piécé (simple et méthode sur papier) et l'appliqué (type crazy)
1933 |
1949
C'est "Modes et Travaux" qui propose un couvre-pieds "nouveau" .
La technique est celle du trapunto (le mot lui-même n'est pas utilisé) pour les décors puis les blocs sont terminés et matelassés avant d'être réunis dans l'ouvrage complet.
La technique est celle du trapunto (le mot lui-même n'est pas utilisé) pour les décors puis les blocs sont terminés et matelassés avant d'être réunis dans l'ouvrage complet.
1949 |
1954 |
1957
En 1957, dans le magazine "Mon ouvrage", patchwork apparait :
« Ca, c’était la robe à fleurs de tante Eugénie, et ça,
le jupon de ma grande sœur Claire… » Ainsi, les petites filles de 1880
détaillaient-elles complaisamment courtepointes et jupons que leurs patientes
mamans réalisaient en cousant côte à côte d’innombrable petits bouts de
chiffons, aussi variés et bariolés que possible. Après un long sommeil, voici
que le patchwork nous revient rafraîchi, rajeuni et si amusant ! Mais si
vous n’avez vraiment ni le temps ni la patience de vous livrer à ce petit jeu
de puzzle, sachez qu’il existe tissu et papier peint restituant exactement
l’apparence du patchwork le plus classique.
1957 |
Un certain nombre de mes archives, qui auraient du être utilisées pour un article dans les Nouvelles ont malheureusement disparues lors d'un envoi postal . Je le regrette vivement, car elles sont certainement introuvables.
Mais en revanche, voici un texte , inédit à ma connaissance et qui date de 1882.
Le livre dont je l'extrais est : "Pédagogie des travaux à l'aiguille" de Mme Cocheris. J'en ai publié toute une partie dans un "Trésors de vieux papiers" parce que ce livre est certainement l'un des premiers à parler de l'usage de la machine à coudre.
C'est dans le chapitre que l'auteur consacre à la Belgique qu'on trouve ces paragraphes intéressants sur le patch, plus exactement sur l'importance d'apprendre à utiliser les vieux textiles dans un but d'économie familiale.Cela prouve que la fameuse tradition de l’émigrante américaine dans son chariot qui coud des morceaux de récupération avait été précédée par son homologue (bien que sans chariot!) européenne.
"Une autre école du même genre a été ouverte, le 15 avril 1874, à Flameries, et le succès a été complet. On y enseigne à pratiquer l'économie la plus rigoureuse et la mieux entendue. Nous citerons pour exemple un ouvrage de la classe de couture. Cet ouvrage était une jaquette qui pouvait avoir 30 centimètres de hauteur. Elle était faite d'un tas de morceaux dont le plus large ne dépassait pas trois doigts. Il y en avait bien cinquante et chacun avec le contour le plus irrégulier. On comprenais qu'on avait cherché à tailler le moins possible les angles de ces morceaux, afin de ménager l'étoffe, et tout cela était ajusté avec un soin, avec une adresse, avec une patience qui faisaient le plus grand honneur à l'ouvrière."
"Savoir tirer parti de mille rien, de rognures d'étoffes, d'échantillons de magasin, des menues choses enfin, sont, au point de vue de l'économie domestique, un des mailleurs enseignements qu'on puisse donner à la femme."
"Ces sorts d'ouvrages ne sont pas très communs, cependant on trouve mentionné dans les Rapports de la délégation ouvrière française à l'Exposition universelle de Vienne, un tableau fait par un ouvrier tailleur de Bohème avec des morceaux de drap de toutes couleurs ajustés en couture. Ce tableau de 3mètres représente un moine prêchant au milieu d'hommes armés. La grande variété des couleurs, leur bonne disposition, ainsi que sa finesse d'exécution remarquable dans les plus petits détails, en font un véritable chef-d’œuvre, eu égard au procédé employé, - Tout est observé jusqu'aux ombres qui sont produites par de petits morceaux de drap ou des points de chainettes. Lorsqu'on remarque l'innombrable quantité de morceaux qu'il a fallu ajouter et coudre les uns aux autres, car ils n'ont pas en moyenne plus d'un centimètre carré et il y en a de plus petits, l'on est surpris qu'un homme ait eu le courage d'entreprendre une telle tâche. L'association des maitres tailleurs de Vienne en possède un du même genre , quoique moins compliqué; il orne leur grande salle de délibération;"
Je profite de la conclusion de ce long article pour exprimer mon indignation à la lecture de ces phrases : " Exposer des patchworks au musée? Cette idée a priori insolite se révèle aujourd'hui créative et inédite. Le patchwork sort ici de la sphère traditionnelle des travaux domestiques, pour devenir une création artistique originale...."
Et cela a été écrit... en 2012 par M. Laurent Fabius en introduction de l'exposition du Musée d'Elbeuf et de la Corderie Valois. Qui l'eut cru? attendre 2012 pour déclarer que "le patchwork s'affirme alors comme une œuvre d'art???
Les mots anglais sont l'unique solution uniquement par paresse, snobisme et inculture (j'ai vu DPN employé à la place d'aiguilles double pointe, c'est dire...).
RépondreSupprimerPar exemple courtepointe est le très joli nom utilisé par les Québecois pour parler de leur couvre-lits en patchwork.
Et il semble que la famille Fabius a quelque compétence et propriété, voire business, en matière d'antiquités...
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